L’accès au haut débit en zone rurale

Une expérimentation Wi-Fi réussie dans la région du Lion d’Angers

Francis BARRIER (EN 86) – Philippe FAUVELET

La fracture numérique

Le déploiement du haut débit en France s’est accéléré depuis 2003 et selon les chiffres donnés par l’ARCEP, 90% de la population française se trouvait fin 2004 dans une zone couverte par le haut débit.

On entend par haut débit la possibilité de recevoir des informations à une vitesse au-delà de 128 kbits/s, limite du réseau téléphonique commuté et pour les professionnels des lignes Numéris. Cependant, du fait de la mutualisation des flux réalisés par les opérateurs, la totalité du débit n’est jamais disponible et il est commun d’admettre que pour une utilisation normale d’Internet (temps de chargement des pages acceptable), les offres 1024 kbit/s sont nécessaires et pour une utilisation professionnelle (téléchargements, échanges de fichiers, etc.), un minimum de 2 Mbit/s est requis.

La principale technologie utilisée en France pour l’accès au haut débit est l’ADSL (Asymetric Digital Subscriber Line) sur la paire de cuivre téléphonique reliant les NRA (Nœuds de Raccordement des Abonnés) de France Télécom aux abonnés.

La fracture numérique se crée à deux niveaux :

1.       La technologie ADSL nécessite l’installation de DSLAM (Digital Subscriber Line Asynchronous Multiplex) dans les NRA dont le coût au port (un port par abonné) dépend fortement du nombre d’abonnés raccordés au NRA. En effet, les constructeurs proposent des DSLAM modulaires, de capacité, en terme de quantité de ports, variable. Cependant le cœur de chaque DSLAM a un coût fixe. A cet investissement en matériel, s’ajoute les coûts d’accès à la boucle locale de paires de cuivre téléphoniques facturés par France Télécom. Ces coûts sont constitués d’une part fixe (accès au NRA) et une part variable (location de la paire de cuivre téléphonique par abonné). Il convient de noter que l’accès à un NRA en zone rurale est plus complexe que l’accès à un NRA en zone urbaine. En effet, le NRA en zone rurale est en général un petit bâtiment totalement occupé par les répartiteurs et les équipements de commutation téléphonique. France Télécom ne peut donc pas offrir un « espace dédié », salle pré-équipée réservée aux opérateurs dans les locaux du NRA, comme c’est le cas dans les centraux téléphoniques en zone urbaine. L’opérateur doit par conséquent investir en plus dans une armoire de rue qu’il installera près du NRA et dont il devra se charger de l’alimentation électrique et de la maintenance (dégradations, etc.). L’investissement dans le dégroupage d’un NRA en zone rurale par un opérateur n’est par conséquent économiquement viable qu’au-delà d’un nombre d’abonnés minimum. Ainsi les zones rurales, moins denses en population, représentent un investissement moins rentable pour les opérateurs qui, dans la phase actuelle d’acquisition de parts d’un marché en pleine expansion, se concentrent sur les zones denses. Par ailleurs, les zones rurales ayant cependant accès au haut débit n’ont, en général, accès qu’aux offres non concurrentielles liées à la présence d’un seul opérateur sur la zone.

2.       La technologie ADSL présente de plus la caractéristique intrinsèque de limiter le débit en fonction de la longueur de la paire de cuivre téléphonique entre le NRA et l’abonné. Ainsi les offres alléchantes de débit max (jusqu’à 20 Mbit/s) proposées avec l’ADSL2+, dernière version déployée de cette technologie, ne sont accessibles qu’aux abonnés les plus proches des NRA dégroupés. Ainsi, à 1 500 mètres d’un NRA, un abonné disposera au mieux de 12 Mbit/s alors qu’un abonné dont la ligne téléphonique mesure 3 000 mètres n’aura que 4 Mbit/s. Et il s’agit ici de débits crête qu’il faut compenser de la mutualisation des flux réalisée par les opérateurs. En zone rurale, comme nous le verrons plus loin dans l’exemple de la région du Lion d’Angers, les longueurs de paires de cuivre téléphoniques atteignent rapidement plusieurs kilomètres, rendant impossible l’accès au haut débit par l’ADSL.

Comment la réduire ?

Différentes actions sont menées pour permettre aux acteurs locaux, privés et professionnels, de disposer des mêmes débits, qu’ils soient en zone dense ou en zone rurale. Ces actions sont menées selon deux axes principaux :

1.       L’axe technologique :

Des technologies alternatives à l’ADSL, principalement par voie hertzienne, voient le jour. La plus promue aujourd’hui est Wimax, basée sur la diffusion radio vers des récepteurs installés chez les abonnés. Dans l’attente de la finalisation technique et administrative (attribution des fréquences, mobilité, …) de cette technologie, la technologie Wi-Fi, destinée initialement à une utilisation indoor (hotspots dans les lieux publics, dans les bars, etc., réseau privé d’entreprise ou de particuliers, …) et portée en outdoor comme dans l’expérimentation dans la région du Lion d’Angers et dans d’autres zones rurales, offre à moindre coût une solution rapide et efficace pour amener le haut débit au-delà des zones atteintes à ce jour.

2.       L’axe législatif :

Les collectivités territoriales se sont rapidement inquiétées des risques économiques encourus par les zones non couvertes par le haut débit. Il devient de plus en plus difficile à la moindre PME de développer son activité sans un accès à Internet et les solutions de travail à distance limitant les migrations vers les zones urbaines et permettant de maintenir une population active localement nécessitent elles aussi une connexion à haut débit permettant aux télétravailleurs de rester connectés à leur entreprise.

Ainsi dès le milieu des années 1990, alors que le secteur des télécommunications s’ouvrait à la concurrence, plusieurs collectivités ont pris l’initiative de construire des infrastructures de télécommunication, tout d’abord en dehors de tout cadre juridique. Eu égard aux risques financiers encourus et compte tenu du caractère concurrentiel de cette activité, le législateur a souhaité, à l’origine, limiter les possibilités d’intervention des collectivités territoriales dans ce domaine. Le premier encadrement législatif remonte à la loi d’aménagement du territoire du 25 juin 1999, dont l’article 17 introduit dans le code général des collectivités territoriales (CGCT) un article L. 1511-6 autorisant ces dernières à créer, en cas de carence du marché « des infrastructures destinées à supporter des réseaux de télécommunications au sens de l’article L. 32 du code des postes et télécommunications, pour les mettre à disposition d’exploitants de réseaux de télécommunications » (limitation à la construction d’infrastructures dites passives – génie civil, fibres optiques, pylônes, … – à l’exclusion des équipements actifs de télécommunications). Cette loi a été ensuite assouplie par la loi du 17 juillet de 2001, article 19, mais sans ouvrir la possibilité aux collectivités d’établir des infrastructures de réseaux « actives ».

Or, si la construction d’infrastructures passive s’est avérée très utile, notamment dans les zones urbaines où elle a permis aux collectivités territoriales de mettre de la fibre optique « nue » à disposition des opérateurs, elle s’est révélée insuffisante pour attirer ces derniers dans les zones moins denses, en particulier les zones rurales.

L’article L. 1511-6 a été abrogé par l’article 50 de la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique qui introduit dans le CGCT un nouvel article L. 1425-1 qui, tout en maintenant la possibilité donnée aux collectivités territoriales d’établir et d’exploiter des infrastructures passives, les autorise à aller beaucoup plus loin puisqu’elles peuvent désormais :

-          se doter de réseaux de communications électroniques, c’est-à-dire d’infrastructures rendues actives par des équipements tels que des antennes, des routeurs, permettant l’émission et la réception de signaux ;

-          les exploiter en commercialisant des prestations de gros et donc devenir opérateur d’opérateurs ;

-          voire, sous certaines conditions, fournir à partir de ces réseaux, des services aux utilisateurs finaux, et donc devenir opérateurs de services. Cette dernière possibilité reste cependant conditionnée à une « insuffisance d’initiatives privées » qui doit être constatée par un appel d’offres infructueux.

Ainsi, la grande innovation apportée par l’article L. 1425-1 du CGCT est d’autoriser les collectivités territoriales et leurs groupements à intervenir comme opérateurs de télécommunications. Cette compétence est essentiellement destinée à être exercée par délégation.

Le cas de la région du Lion d’Angers

Le Lion d’Angers est une ville de 3 350 habitants située à une trentaine de kilomètres d’Angers dans le département de Maine et Loire et connue entre autres pour son champ de courses qui accueille des épreuves du PMU.

La Communauté de Communes de la Région du Lion d’Angers regroupe les communes de Andigné, Brain sur Longuenée, Champteussé sur Baconne, Chambellay, Chenillé-Changé, Grez-Neuville, Gené, Thorigné d’Anjou, Sceaux d’Anjou, La Jaille Yvon, Montreuil sur Maine, Le Lion d’Angers, Pruillé, Vern d’Anjou.

Depuis avril 2002, France Télécom offre l’accès au haut débit par l’ADSL sur le NRA situé au Lion d’Angers.

Le département de Maine et Loire a été l’un des tous premiers départements français à lancer début 2003 un processus de délégation de service public dans le cadre de l’article L. 1511-6 du CGCT. La convention de délégation de service public pour la construction et l’exploitation d’une infrastructure de télécommunication « passive », appelée Mélis@, a été signée en décembre 2003 avec la société Mélis@ Infrastructures constituée pour les besoins de l’opération par Sagem, Sogea Construction et Marais Contracting. L’infrastructure Mélis@ déployée depuis mi 2005 permet, entre autres, le raccordement de 57 NRA sur l’ensemble du département.

En ce qui concerne la région du Lion d’Angers, que ce soit à travers le réseau France Télécom ou à travers le réseau Mélis@, l’accès au haut débit restait, début 2003, inaccessible à un certain nombre de communes. De plus, les programmes d’extension de France Télécom et de Mélis@ n’offraient aucune information datée sur la disponibilité de l’accès au haut débit.

Devant cet état de fait et constatant la manifestation de plusieurs entreprises et particuliers sur les communes de Chambellay, Chenillé-Changé, Champteussé sur Baconne et La Jaille Yvon, desservies téléphoniquement par le NRA de Chambellay non dégroupé, les responsables de la communauté de communes ont cherché des solutions alternatives afin de garantir le maintien des entreprises présentes et leur développement dans les années à venir. En effet, même en cas de dégroupage du NRA de Chambellay, les quelques kilomètres séparant ces communes du NRA ne permettraient pas un accès au haut débit par la technologie ADSL.

Une solution rapide pour garder une entreprise sur le territoire

Le cas le plus préoccupant début 2003 concernait une société, ALLODIAGNOSTIC, basée à Champteussé sur Baconne, disposant de cinq agences réparties sur le territoire national. Les conditions de travail de ce réseau devenaient problématiques du fait de l’absence d’accès au haut débit et l’entreprise envisageait très sérieusement son déménagement dans une zone où le haut débit était accessible dans des conditions économiques concurrentielles.

Une entreprise locale, ANJOU RESEAUX SYSTEMES INFORMATIQUES (ARSI), a alors proposé ses services à la communauté de communes, pour réaliser un déport de ligne ADSL entre Montreuil sur Maine, commune distante de 3 500 mètres du Lion d’Angers et dernière zone accessible par ADSL au nord du Lion d’Angers depuis le NRA LIO49, et la société ALLODIAGNOSTIC sur la commune de Champteussé sur Baconne. La technologie proposée par ARSI est le Wi-Fi.

Le déport consiste à installer le modem ADSL au bout de la boucle locale des paires de cuivre téléphonique, en l’occurrence à l’église de Montreuil sur Maine. Ce modem ADSL est relié en Ethernet à un équipement Wi-Fi qui, au travers d’une antenne directive, permet de réaliser une liaison point à point (pont) jusqu’à la société ALLODIAGNOSTIC, l’équipement Wi-Fi terminal étant raccordé au réseau Ethernet de l’entreprise.

Les matériels installés sont :

Toutefois, ce système de déport ne peut être reproduit pour de multiples abonnés. D’une part, le nombre de canaux radio Wi-Fi est très limité et d’autre part l’installation de modems ADSL en batterie n’aboutissant pas directement chez les abonnés pose un problème juridique.

Cependant cette expérimentation a non seulement permis à ALLODIAGNOSTIC de rester implantée à Champteussé sur Baconne mais également de se développer. Son agence locale est passée de 6 à 19 emplois. Son réseau d’agences est passée de 5 à 15 agences et le nombre de salariés du réseau a cru de 16 à 50.

Une expérimentation à plus grande échelle

Fort de ce succès et sous la pression d’autres entreprises et de particuliers, la communauté de communes de la région du Lion d’Angers a cherché des financements pour réaliser un accès au haut débit pour l’ensemble des communes au nord du Lion d’Angers en dehors de tout plan de dégroupage à court terme, toujours en technologie Wi-Fi. Ont donné une réponse positive à cette demande de financement :

·         la DATAR au titre de l’appel à projets « technologies alternatives d’accès à l’Internet haut débit »,

·         les fonds structurels européens (FEDER).

La totalité des financements a été mise en place en novembre 2004. Entre temps, les matériels Wi-Fi ont évolué et l’ingénierie du projet a évolué en conséquence.

La communauté de communes de la région du Lion d’Angers a alors confié à SAGEM Communication la réalisation de la deuxième phase expérimentale.

Un réseau haut débit « tout Wi-Fi »

Le principe d’ingénierie retenu pour ce projet est le suivant :

1.       Choix d’un point de motorisation du réseau : ce point est un endroit où le haut débit est accessible, soit sous forme de fibre optique, soit sous forme de paire de cuivre téléphonique, soit sous forme hertzienne. En l’occurrence, pour cette phase du projet, le réseau de fibre optique de Mélis@ n’étant pas encore disponible, des paires de cuivre téléphonique basées à Montreuil sur Maine et raccordées au NRA du Lion d’Angers où un DSLAM est installé ont été retenues comme point de motorisation du réseau.

2.       Choix des points de diffusion : ces points de diffusion vont déterminer, en fonction du profil topographique, la zone de couverture de l’accès au haut débit. Cette zone, appelée communément « cellule » est limitée par la puissance d’émission autorisée par l’ARCEP, à l’époque 100 mW de puissance isotrope rayonnée équivalente (PIRE), soit environ 1 km de rayon autour du point de diffusion en terrain plat. L’intérêt de la technologie Wi-Fi, en particulier par rapport à la technologie Wimax, est de ne pas nécessiter un point haut élevé pour les points de diffusion. Un toit d’immeuble, une église peuvent suffire comme points de diffusion, réduisant drastiquement les coûts d’installation et de maintenance. Ainsi pour la deuxième phase du projet, les points de diffusion suivants ont été retenus en fonction des zones à couvrir définies par la communauté de communes :

·         à Changé (commune de Chenillé-Changé) sur un bâtiment privé (hangar d’une exploitation agricole),

·         à Champteussé sur Baconne (sur le clocher de l’église)

·         à Chambellay (sur le clocher de l’église)

·         à Chenillé-Changé (sur le toit de la maison de retraite située dans le haut du village)

·         à la Jaille Yvon (sur un bâtiment communal)

La communauté de communes s’est chargée de l’obtention des autorisations d’implantation de ces points de diffusion. La proximité et la connaissance des acteurs locaux simplifie profondément la démarche.

3.       Définition des liaisons point à point (ponts) : la définition des points de diffusion définis ci-dessus reste soumise à la possibilité de relier ces points par voie hertzienne, faute d’infrastructure terrienne disponible. Le choix d’un réseau « tout Wi-Fi » où les liaisons point à point sont réalisées avec le même type d’équipement que les cellules de diffusion permet de minimiser les coûts de déploiement et de maintenance et d’optimiser la performance du réseau. Comme pour les points de diffusion, les limitations pour les liaisons point à point sont les profils topographiques et la puissance maximum autorisée de 100 mW de PIRE qui limite le débit utile en fonction de la longueur de la liaison.

Les figures suivantes représentent l’ingénierie retenue :

Synoptique du réseau Wi-Fi expérimental phase 2

Exemple de représentation de la couverture théorique d’un point de diffusion

Exploiter la norme Wi-Fi au maximum de ses performances

La technologie Wi-Fi spécifiée dans la norme IEEE 802.11 est habituellement utilisée dans des applications indoor : point d’accès dans des lieux publics (gares, aéroports, …) ou privés (cybercafés, …), réseau privé en habitation ou en petite entreprise pour partager un accès Internet entre plusieurs ordinateurs.

Les principaux défauts attribués à cette technologie sont la faible efficacité dans l’utilisation de la bande passante et la sécurité des échanges entre le point d’accès et les ordinateurs. Peu de produits ont abordé l’utilisation de la technologie Wi-Fi pour une utilisation outdoor de constitution de réseau structurant comme l’est le réseau de la région du Lion d’Angers. Associated Industries a apporté les améliorations nécessaires à une telle utilisation.

La gestion de la taille des paquets

Dans un réseau filaire où les erreurs sont rares et les temps de propagation relativement faibles, une station qui doit transmettre un paquet l’envoie immédiatement si le réseau est disponible. Les paquets d’un réseau sans fil standard sont transmis de façon identique. Cependant les flux haut débit transmis sont relativement importants. Les temps de propagation sont plus grands dans les réseaux sans fil que dans les réseaux filaires. Les radios Wi-Fi 802.11 ont des débits bien inférieurs à ceux annoncés. Même en conditions idéales, un réseau 802.11b travaillant à 11 Mbps aura un débit efficace bien inférieur (environ 5,5 Mbps). Cela est dû en partie à un intervalle entre paquets équivalent à la transmission de 1100 octets.

C’est pour cette raison que le débit de transmission de données d’un réseau sans fil est directement proportionnel à la taille des paquets transportés. Pour des petits paquets (exemple 64 octets), le débit réel peut descendre aussi bas que 16% du débit radio. C’est décourageant pour les réseaux basés sur la norme 802.11, car les paquets les plus courants (environ 65% de ceux qui transitent sur Internet) ont moins de 100 octets, soit la taille où le réseau est le moins efficace.

Cette réduction du débit utile arrive même dans les conditions idéales d’absence d’interférences, de pertes de paquets et de retransmission.

Le protocole embarqué dans les produits Associated Industries améliore cette utilisation en agrégeant les petits paquets dans un “super paquet” transmis sur le lien radio. En conjonction avec les techniques de scrutation optimisée, ce protocole présente une très nette amélioration par rapport aux réseaux sans fils traditionnels. Un “super paquet” peut avoir une taille allant jusqu’à 2048 octets. Quand les paquets arrivent dans le routeur sans fil, ils sont concaténés et transmis sous la forme d’un seul paquet avec un seul intervalle. Un timer garantit que si la concaténation prend plus de quelques millisecondes, ce paquet est transmis avant d’être à sa taille maximum.

La solution Associated Industries permet donc de porter la capacité utile en débit à 7,5 Mbps sur les 11 Mbps de la norme 802.11 b et 35 Mbps sur les 54 Mbps de la norme 802.11g.

Les nœuds cachés dans les installations point – multipoints

Les stations radios, qui pour des raisons de géographie ou de propagation ne sont pas en vue directe, peuvent émettre simultanément, provoquant des interférences et des collisions. C’est ce que l’on appelle le problème des nœuds cachés, qui altère considérablement les performances du réseau, même lorsque le mécanisme RTS/CTS est activé.

En conséquence, ce problème résulte en :

·         un accroissement du temps passé en retransmission de paquets

·         un accroissement du temps passé en attente de ACK

·         une utilisation accrue de l’algorithme « back-off »

Par ce processus, les équipements utilisateurs diminuent par cet algorithme « back-off » la vitesse de transmission de 11 Mbps ou 54 Mbps à 1 Mbps, réduisant considérablement le débit global.

Associated Industries utilise un algorithme propriétaire de scrutation dynamique et désactivation du back-off, optimisé pour les réseaux sans fil, pour scruter les stations. Les transmissions des équipements des utilisateurs sont contrôlées par la station de base et la scrutation est adaptable et non pas seulement circulaire. Quand la charge augmente, le système devient plus synchrone, et le nombre des collisions et paquets perdus tend vers zéro.

Une station de base scrute chaque équipement en fonction de critères dynamiques tels que le temps de réponse du client et l’historique d’utilisation. En outre, elle utilise régulièrement un intervalle « libre à tous » pour les stations qui ont des données à transmettre et qui n’auraient pas été scrutées du fait d’un historique peu chargé.

A l’exception de cette courte période « libre à tous » le risque d’avoir deux stations émettant simultanément est nul, réduisant considérablement les collisions et les retransmissions.

Le logiciel arrête le mécanisme back-off qui réduit la vitesse de transmission et gêne les performances.

La gestion de la bande passante

Les fournisseurs de service veulent non seulement fournir un accès mais également déterminer la vitesse allouée à chaque usager. De plus, ils ne veulent pas que la bande passante soit monopolisée par un utilisateur qui laisse aux autres le soin de se partager « ce qui reste ». Les protocoles sans fil traditionnels n’ont pas de mécanisme d’attribution de vitesse de transmission aux usagers.

Le protocole embarqué dans les équipements Associated Industries autorise à attribuer à chaque client une vitesse de transmission donnée et à répartir la bande passante entre les utilisateurs. Ainsi, aucun utilisateur ne peut utiliser plus que ce qui lui a été attribué par l’administrateur du réseau.

Gestion de la puissance émise

La réglementation définie par l’ARCEP limite la puissance isotrope rayonnée équivalente (PIRE) à 100 mW. La plupart des équipements Wi-Fi étant destinés à une utilisation indoor n’ont pas de réglage de la puissance émise, le couple émetteur – antenne étant intégré dans l’équipement.

Dans le cas des équipements d’Associated Industries, la puissance émise est réglable par logiciel, ce qui permet de réaliser une optimisation des liaisons en fonctions des caractéristiques des antennes et de la distance de la liaison. Ainsi, en réglant la sensibilité du signal reçu (la conséquence étant bien sûr une diminution du débit), il est possible de réaliser des ponts entre points d’accès allant jusqu’à 6 km.

Sécurisation du réseau

La norme IEEE 802.11 préconise l’utilisation du module logiciel WEP pour le cryptage des informations. Ce module étant à ce jour facilement violable, Associated Industries a implémenté une couche logicielle supplémentaire pour la sécurité et le cryptage des informations.

L'architecture de sécurité offre des options de sécurité multiple, la solution proposée est une gestion de la sécurité centralisée, normalisée et évolutive qui délivre des clés dynamiques de cryptage mono-utilisateur et mono-session. Cette sécurité dynamique se réalise par un changement des clés de codage toutes les 125 millisecondes.

Les moyens suivants sont mis en œuvre pour améliorer significativement la sécurité du réseau :

Les matériels utilisés

Les matériels installés sont :

Un déploiement rapide et peu onéreux

L’intégration des équipements retenus, leur connectique standard et simple rendent le déploiement rapide et peu onéreux. Un survey efficace permet de déterminer le meilleur emplacement des antennes et des équipements de point d’accès afin de garantir en exploitation une maintenance rapide et aisée. Les opérations les plus lourdes concernent en général l’installation des antennes (utilisation de nacelles dans certains cas, habilitation aux travaux en altitude, …) et la descente des câbles d’antennes jusqu’à l’équipement de point d’accès.

Les photos présentées ci-dessous montrent des exemples de réalisation.


Antenne sectorielle d’un pont Wi-Fi à l’église de Chambellay


Antennes sectorielle (pont) et omnidirectionnelle (cellule) à la maison de retraite de Chenillé-Changé

L’installation chez les abonnés est elle aussi extrêmement simplifiée par l’intégration dans un seul boîtier de l’antenne, du module radio et des circuits électroniques. Après avoir déterminé le meilleur emplacement de ce boîtier (visibilité de l’antenne de la cellule, intégration paysagère, point de raccordement à l’ordinateur de l’abonné), l’installateur fixe le boîtier et tire un câble Ethernet jusqu’à l’ordinateur de l’abonné. Cette installation ressemblant à celle d’une antenne de réception TV par satellite, elle a été confiée à une entreprise locale du réseau PULSAT.


Installation abonné

Les abonnés

La communauté de communes de la région du Lion d’Angers a limité, pour cette deuxième phase d’expérimentation, le nombre d’abonnés à vingt sur la base des premiers contacts établis avec les entreprises et les particuliers ayant manifesté leur besoin d’accès au haut débit. L’annonce de la réalisation de la deuxième phase expérimentale a toutefois suscité un intérêt important et la communauté de communes s’est rapidement retrouvée avec une cinquantaine de demandes, prouvant ainsi le réel intérêt et le réel besoin d’accès au haut débit dans les zones rurales.

L’analyse des demandes montre cinq types de besoin :

1.       les collectivités : les mairies des communes desservies, la maison de retraite de Chenillé sont raccordées au haut débit, facilitant le fonctionnement administratif

2.       les entreprises : échanges de fichier, mailing, site web, etc. On peut citer entre autre Saulaie qui commercialise des produits pour listes de mariage, Maine Anjou Rivières spécialisé dans le tourisme fluvial sur la Maine ;

3.       les télétravailleurs : connexion à l’entreprise, mailing, échange de fichiers ;

4.       les résidents secondaires : connexion le week-end pour accès aux dossiers professionnels, messagerie, accès Internet, … ;

5.       les particuliers : accès à Internet, messagerie personnelle, … ;

Opérer le réseau

Une fois le réseau installé, reste à le raccorder à Internet. Dans cette phase expérimentale, la société WIFIRST, spécialisée dans les hotspots Wi-Fi, en particulier sur les campus universitaires, a été retenue pour « motoriser » le réseau par mutualisation de plusieurs lignes ADSL « opérateurs » haut débit mises à disposition par WANADOO. WIFIRST a proposé aux abonnés une offre unique de débit maximum de 1 Mbit/s dans des conditions équivalentes aux offres nationales ADSL.

Les perspectives d’évolution

Le succès de ce réseau expérimental a amené la communauté de communes de la région du Lion d’Angers à préparer depuis septembre 2005 le passage du réseau en phase de « production ».

Une première étape consiste à créer le montage juridico-économique permettant à la communauté de communes, propriétaire de l’infrastructure, de la mettre à disposition des opérateurs intéressés par la commercialisation de leurs services (accès Internet, messagerie, voix sur IP, …) auprès des usagers.

Une deuxième étape consiste à définir les conditions de raccordement de nouveaux abonnés sur l’infrastructure existante. Cette deuxième étape inclura une étude de motorisation plus efficace que des lignes ADSL. En particulier, un raccordement au réseau de fibres optiques Mélis@ passant au Lion d’Angers sera envisagé.

Enfin, une troisième étape, présente dans la tête des responsables de la communauté de communes dès l’origine du projet, est d’étendre ce réseau aux autres communes de la communauté où l’accès au haut débit n’est pas programmé ou n’est pas possible par la technologie DSL. Cette étape est d’ailleurs en parfaite adéquation avec les orientations du Conseil Général du département de Maine et Loire en terme d’extension du réseau Mélis@.

La motivation de la communauté de communes est à la hauteur des enjeux de développement de la région, à la fois sur le plan économique, sur le plan du tourisme et sur le plan de la qualité de vie en zone rurale où l’accès à l’information est moins aisée que dans les zones urbaines.

Article paru dans le n°74 daté juin 2006 de Canal N7, journal de l'Association des ingénieurs de l'IET-ENSEEIHT (AIN7).